Catena: l’appel de Samuel (1 Samuel 3)

L’appel de Samuel, qui suit directement le jugement de la famille d’Eli.

1a Le jeune Samuel officiait pour le Seigneur devant Eli.

  • C’est la dernière mention de cela, après qu’elle ait été répétée près de quatre fois (cinq en tout) depuis le chapitre 2. En réalité, la section qui va d’Elkana qui offre Samuel au temple et jugement des fils d’Eli s’arrête ici, ni avant ni après. La formulation même est presque mot pour mot celle du début de section en 1 Samuel 2.11.
  • Jeune : quand exactement cette vision a eu lieu? Le mot désigne un enfant. Cela veut dire que cette section n’est pas tout à fait chronologique, mais que l’on revient en arrière. Deux possibilités: le prophète de 1 Sam 2. 27-36 est Samuel lui-même, et la prophétie est juste formulée différemment (1 Sam 3.11-14) ou bien il y a deux prophéties distinctes, et Samuel suit celle du prophète de 1 Samuel 2. La deuxième solution semble plus probable: cf v13 fautes qu’il connaît et v12 tout ce que j’ai dit.

1b La parole du Seigneur était rare en ces jours-là, les visions n’étaient pas fréquentes.

  • Ouverture d’une nouvelle section, assez en rupture avec ce qui précède. Le focus passe de Eli à Samuel.
  • Les 400 ans de silence prophétique des Juges sont // aux 400 ans de silence qui ont précédé l’avènement de Samuel. Encore un exemple où Samuel // Christ.
  • A noter cependant qu’il n’y avait pas une absence totale de prophétie, mais seulement une raréfaction. Il y a par exemple encore un prophète pour avertir Eli. De même, Siméon et Houlda au temple ont prophétisé sur Jésus. Mais il y a une qualité particulière de ces révélations prophétiques qui manquent, et cela se sent.
  • Waltke: première « ténèbre » du chapitre: absence de révélation de cette époque.

2 Un jour qu’Eli était couché à sa place – ses yeux commençaient à s’affaiblir, il ne pouvait plus voir ;

  • La première fois que nous avons vu Eli, il était assis sur son trône. A présent, son pouvoir s’éteint, sa vigueur disparaît. Son aveuglement spirituel a progressé, il est devenu physique aussi, mais pas encore complet.
  • Eli // Isaac: le patriarche aveugle d’Israël va voir advenir le véritable héritier de son mandat de chef d’Israël, non pas en la personne de son fils aîné et préféré, mais d’un fils ultérieur et plus faible. Cela se fait malgré lui, presque dans son dos. Jacob lui-même est un patriarche aveugle en Genèse 48.10, mais je ne vois pas de lien évident.
  • Waltke: deuxième « ténèbre » aveuglement d’Eli.

3 la lampe de Dieu n’était pas encore éteinte, et Samuel était couché dans le temple du Seigneur où était le coffre de Dieu –

  • Waltke: troisième « ténèbre » de la lampe sur le point de s’éteindre, mais la révélation de Dieu suit tout de suite après.
  • lampe de Dieu celle du chandelier qui symbolise la présence de l’Esprit dans le peuple. L’Esprit n’était pas encore éteint.
  • couché dans le temple du Seigneur : probablement dans une annexe, mais l’ambiguïté est intéressante. Ecrit ainsi, on pourrait presque croire que Samuel est en train de dormir dans le saint des saints, ce qui est probablement l’effet recherché.
  • où était le coffre de Dieu: mention de la présence du Dieu souverain et libérateur de l’Exode, celui qui dispersait ses ennemis quand son coffre était porté. Il y avait déjà eu une mention de la présence de Dieu lorsqu’il est écrit que les fils d’Eli péchaient devant le Seigneur (1 Sam 2.17). Mais elle est très explicite ici.
  • Autre intérêt de cette mention du coffre de Dieu: cela localise le récit. Trop souvent, on raconte cette histoire comme si elle avait eu lieu dans une chambre imaginaire déconnectée de tout contexte. Or c’est dans les annexes du temple que Dieu a appelé Samuel, c’est depuis le coffre de Dieu qu’il a appelé Samuel.
  • Moïse a été appelé depuis le buisson ardent ; Samuel est appelé depuis le coffre de Dieu. C’est en continuité avec l’Exode que Samuel est appelé.

4 le Seigneur appela Samuel. Il répondit : Je suis là !

  • Exode 3.4 Le Seigneurvit qu’il faisait un détour pour voir ; alors Dieu l’appela du milieu du buisson : Moïse ! Moïse ! Il répondit : Je suis là ! → ≠ Samuel et couché et il sommeille. Il se trompe sur l’origine de la voix deux foix avant.

5 Il courut vers Eli et dit : Je suis là ! Tu m’as appelé ? Eli répondit : Je n’ai pas appelé ; retourne te coucher ! Il alla donc se coucher.

  • Phrase symétrique du verset 4: Le Seigneur appelle/ Samuel Je suis là/ Samuel je suis là/ Eli tu m’as appelé?
  • A noter cependant que Samuel ne s’est pas tant trompé que cela: il a reconnu un élément divin dans cette voix, alors il va vers l’être humain le plus proche de Dieu: Eli.
  • Mais il est possible aussi qu’il se soit dirigé spontanément vers son gardien attitré (cf 1 Samuel 2.11). Cette confiance spontanée souligne l’enfance de Samuel.
  • Tout comme Eli n’a pas reconnu la prière d’Anne, il n’a pas reconnu un appel divin dans ce que raconte Samuel.
  • Tout comme Eli et ses fils incitent Israël à la désobéissance, Eli incite Israël à mépriser cet appel et retourner se coucher.

6 Le Seigneur appela de nouveau Samuel. Samuel se leva, alla trouver Eli et dit : Je suis là ! Tu m’as appelé ! Eli répondit : Je n’ai pas appelé, mon fils ; retourne te coucher !

  • Différences avec le premier appel : de nouveau ; Eli rajoute mon fils: c’est donc plutôt la thèse de la naïveté enfantine qui explique que Samuel confond la voix de Dieu avec la voix de son père adoptif, Eli.
  • Sinon le verset presque intégralement identique au verset 5.

7 Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur ; la parole du Seigneur ne s’était pas encore révélée à lui.

  • Aparté: le narrateur devient plus visible pour nous expliquer directement pourquoi Samuel peut arriver à confondre la voix de Dieu avec celle d’Eli: il ne l’avait tout simplement pas encore expérimenté.
  • 1 Samuel 2.12 Les fils d’Eli étaient des hommes sans morale ; ils ne connaissaient pas le Seigneur. → La différence entre l’ignorance des fils d’Eli et Samuel, c’est que Samuel ne connaît pas encore le Seigneur, mais il n’est pas réprouvé et volontairement sourd comme eux. C’est en toute innocence et naïveté qu’il se trompe. Une innocence et une naïveté tout à fait opposée à la méchanceté et rouerie des fils d’Eli.
  • Confirme que Samuel est bien un enfant comme les autres de cette époque sans visions.

8 Le Seigneur appela de nouveau Samuel, pour la troisième fois. Celui-ci se leva, alla trouver Eli et dit : Je suis là ! Tu m’as appelé ! Eli comprit alors que c’était le Seigneur qui appelait le garçon.

  • Intéressante accumulation: Le Seigneur appela Samuel / Le Seigneur appela de nouveau Samuel / Le Seigneur appela de nouveau Samuel pour la troisième fois. Ce sont strictement les mêmes mots auxquels on ajoute un nouveau mot à chaque fois.
  • Par contre, la réaction de Samuel est strictement la même, même mots.
  • Cette fois-ci, c’est Eli qui est clairvoyant, pour la seule fois peut-être. C’est comme s’il était indispensable qu’Eli guide Samuel vers Dieu avant que Samuel puisse prophétiser. Il semblerait que Dieu ait d’une certaine façon honorer la prêtrise d’Eli, qui sert d’intermédiaire pour faire entrer Samuel dans sa vocation de prophète.
  • Jean Cassien (Ve siècle) : c’est pour que l’on ait un modèle d’aller chercher l’enseignement auprès des anciens: Mais tout doit être révélé aux anciens sans aucune gêne, et c’est d’eux que l’on peut en toute confiance recevoir à la fois la guérison de ses blessures et l’exemple de son mode de vie. Grâce à eux, nous connaîtrons la même assistance et le même résultat si nous nous efforçons de ne rien viser par notre propre jugement et notre propre présomption. Enfin, il est évident que cette compréhension est très agréable à Dieu, car ce n’est pas sans raison que nous trouvons cette même instruction dans les Saintes Écritures. Ainsi, le Seigneur n’a pas voulu enseigner de lui-même le jeune Samuel par la parole divine, une fois qu’il avait été choisi par sa propre décision, mais il a été obligé de revenir deux fois vers le vieil homme. Il a voulu que celui qu’il appelait à une relation intime avec lui-même soit même instruit par une personne qui avait offensé Dieu, parce que c’était un vieillard. Et il a voulu que celui qu’il jugeait le plus digne d’être choisi par lui-même soit élevé par un vieillard, afin que l’humilité de celui qui était appelé à un ministère divin soit mise à l’épreuve et que le modèle de cette sujétion soit offert en exemple aux jeunes gens. – Conférence 2.13.12-2.14

9 Eli dit à Samuel : Va te coucher ; s’il t’appelle, tu diras : « Parle, Seigneur ; moi, ton serviteur, j’écoute. » Samuel alla donc se coucher à sa place.

  • C’est par Eli que Samuel a donc appris à écouter le Seigneur: comme le dit Jean Cassien, nous pouvons être enseigné par des mauvais vieillards.
  • alla donc se coucher à sa place comme à la première répétition, mais avec le à sa place. Signe que cette fois, Samuel est bien placé pour écouter Dieu?

10 Le Seigneur vint et se tint là. Il appela comme chaque fois : Samuel ! Samuel ! Samuel répondit : Parle ! Moi, ton serviteur, j’écoute.

  • Le Seigneur vint et se tint là. Ce n’était pas le cas avant. C’est comme si non seulement Samuel s’était préparé, mais Dieu aussi se rapproche. Cette expression est utilisée lorsque Dieu révèle son « dos » à Moïse (Ex 34.5) ou qu’il donne ses instructions à Balaam (Nb 22.9) ⇒ Le Seigneur va transmettre une prophétie comme à Moïse.
  • Les précédentes fois, c’est Samuel qui était allé voir le grand-prêtre. Cette fois-ci, c’est Dieu qui descend de ton trône pour aller voir Samuel.
  • Samuel, Samuel ce genre d’appel redoublé est signe d’urgence. On le voit pour Abraham afin de l’empêcher de sacrifier Isaac, ou lorsque Dieu appelle Moïse dans le buisson ardent. Je pense que ce verset est écrit de telle manière qu’il fait de Samuel un type de Moïse, le prophète. Samuel est déjà prophète, alors qu’il n’a reçu aucune prophétie.
  • parle au lieu de « Parle, Seigneur » que lui a prescrit Eli.

11 Alors le Seigneur dit à Samuel : Je vais faire quelque chose en Israël ; quiconque en entendra parler en restera abasourdi.

  • Introduction d’une action étonnante et spectaculaire de la part de Dieu, aussi étonnante que cette prophétie devenue si rare en ce temps-là cf v.1
  • en restera abasourdi litt. « ses deux oreilles vont tinter » comme suite à une explosion. L’expression se retrouve en 2 Rois 21.12 et Jérémie 19.3 pour annoncer le cataclysme de la destruction de Jérusalem. Ce qui va être annoncé à Samuel est donc de cet ordre de grandeur.

12 En ce jour-là je réaliserai sur Eli tout ce que j’ai dit contre sa maison, du début à la fin.

  • En ce jour à rapprocher des nombreux « jours du Seigneur » qui sont synonymes de temps du jugement.
  • Je réalisera tout ce que j’ai dit on trouve quelque chose de semblable en Josué 23.15s, pour désigner le jugement certain et rapide si jamais Israël méprise l’alliance et déclenche les malédictions de l’alliance.
  • Tout ce que j’ai dit contre sa maison cf la malédiction décrite à partir de 1 Samuel 2.27. Cela a déjà été dit, donc ce n’est pas la même prophétie que 1 Samuel 2.

13 Je lui annonce que je juge sa maison pour toujours, à cause de la faute qu’il connaît : ses fils ont méprisé Dieu, et il ne les a pas repris.

  • Une chose qui m’étonne est qu’il n’y a rien de nouveau dans cette prophétie qui n’est pas déjà annoncée en 1 Samuel 2. J’en déduis donc que ce qui est nouveau et si fortement mis en valeur, ce n’est pas le jugement d’Eli, mais la vocation prophétique de Samuel elle-même.
  • Ce sont des paroles de rappel à Eli :le problème est de s’être contenté d’avoir parlé sans agir. Le mot hébreu n’est pas le même que lorsqu’il les as « repris » verbalement au chapitre 2.
  • Basile le Grand (IVe siècle) La bienveillance à l’égard de ces personnes est semblable à cette bonté erronée d’Éli qu’on lui reprocha de témoigner à ses fils, contrairement au bon plaisir de Dieu. Une feinte bonté envers les méchants est une trahison de la vérité, un acte de perfidie envers la communauté et un moyen de s’habituer à l’indifférence au mal. – Les longues règles 28
  • Isaac de Syrie (VIIIe siècle) Pourquoi la colère et la mort se sont-elles abattues sur la maison du sacrificateur Éli, vieillard juste, qui avait exercé son sacerdoce pendant quarante ans ? N’est-ce pas à cause de l’iniquité de ses fils [Hophni] et [Phinées] ? Car ce n’est pas lui qui a péché, ni eux avec son assentiment, mais c’est parce qu’il n’a pas eu le zèle d’exiger d’eux la justification du Seigneur et qu’il les a aimés plus que les lois de l’Éternel. De peur que quelqu’un ne s’imagine que le Seigneur ne manifeste sa colère que contre ceux qui passent tous les jours de leur vie dans l’iniquité, voyez comment, pour ce péché inconvenant, il manifeste son zèle contre ses serviteurs authentiques, contre les prêtres, les juges, les gouvernants, les hommes qui lui sont consacrés et à qui il a confié l’accomplissement de miracles, et il ne néglige en aucune façon leur transgression de ses lois. – Homélies ascétiques 10
  • Jean Chrysostome (Ve siècle) En effet, aucun des riches d’aujourd’hui ne prendra ma défense lorsque je serai appelé à rendre des comptes et accusé de ne pas avoir défendu les lois de Dieu avec toute l’ardeur voulue. Car c’est ce qui a ruiné ce vieillard admirable, bien que sa façon de vivre n’ait fourni aucune raison de le blâmer : cependant, parce qu’il avait négligé le piétinement des lois de Dieu, il a été châtié avec ses enfants et a payé cette pénalité douloureuse. Et si, là où l’autorité absolue de la nature était si grande, celui qui n’a pas traité ses propres enfants avec la fermeté voulue a subi un châtiment si douloureux, quelle indulgence aurons-nous, libérés comme nous le sommes de cette domination et ruinant tout par la flatterie ? – Homélies sur l’Évangile de Matthieu 17.6

14 C’est pourquoi je jure, en ce qui concerne la maison d’Eli, qu’aucune expiation ne sera jamais faite pour la faute de la maison d’Eli, ni par des sacrifices ni par des offrandes.

  • Je le jure : il y a tout de même cette nouveauté par rapport au chapitre 2: (1) Dieu jure qu’il va agir ainsi et (2) il ferme explicitement la porte à toute possibilité ordinaire de salut. Peut-être une réaction de repentance était-elle attendue de la part d’Eli. Au lieu de la passivité, il aurait dû sanctionner ses fils. Mais parce qu’il ne l’a pas fait, aucun allègement de peine ne sera fait, et toute procédure sera interdite désormais.
  • ni par des sacrifices, ni par des offrandes cela veut dire le sacrifice pour le péché du grand-prêtre de Lévitique 4.1-12 sera inopérant et donc qu’il ne sera plus grand-prêtre, ni lui ni sa maison.

15 Samuel resta couché jusqu’au matin, puis il ouvrit les portes de la maison du Seigneur. Samuel avait peur de raconter la vision à Eli.

  • Pas de paroles en retour. Il semblerait ici que la jeunesse plus la peur font qu’il ne conteste pas comme Moïse, mais la réaction de base est la même.
  • Waltke : ouvrit les portes symbole d’un nouveau chapitre qui s’ouvre.
  • Il est étonnant d’avoir l’état émotionnel de Samuel, mais jamais celui d’Eli.

16 Mais Eli appela Samuel ; il dit : Samuel, mon fils ! Celui-ci répondit : Je suis là 

  • Cette fois, c’est Eli qui appelle Samuel et non Dieu qui l’appelle. Et cette fois, c’est avec raison qu’il se présente devant Eli.

17 Eli demanda : Qu’est-ce qu’il t’a dit ? Je t’en prie, ne me cache rien. Que Dieu te fasse ceci et qu’il y ajoute cela, si tu me caches quoi que ce soit de tout ce qu’il t’a dit !

  • Eli semble très motivé à savoir le contenu du message. Il a dû attendre toute la nuit ce retour. En y réfléchissant, il est possible qu’il ait espéré que Dieu lui annonce une remise de peine ou quelque chose de ce genre. C’est avec de l’excitation qu’il demande à Samuel cette parole, une excitation qu’il n’avait pas en 1 Samuel 2.
  • Qu’il te fasse ceci et qu’il ajoute cela appelle la malédiction si une obligation n’est pas remplie.
  • tout ce qu’il a dit : à rapprocher j’accomplirai tout ce que j’ai dit contre la maison d’Eli v.12. Il y a une utilisation particulière des verbes de parole dans ce chapitre, à étudier davantage.

18 Alors Samuel lui dit tout ; il ne lui cacha rien. Eli dit : C’est le Seigneur ; qu’il fasse ce qui lui plaira !

  • lui dit tout ; il ne lui cacha rien soit très scrupuleusement ce qu’Eli lui as demandé, au mot près.
  • Réaction assez indéchiffrable: Eli est-il décu, ou bien assume-t-il noblement ce que la providence a prévu pour lui? Vu son avidité à entendre la parole de l’Eternel, il est difficile de croire qu’il y soit indifférent en tout cas, il était prêt à appeler la malédiction pour savoir ce que Samuel pouvait lui dire.
  • Job 2.10 Tu parles comme une folle ! Nous recevrions de Dieu le bonheur, et nous ne recevrions pas aussi le malheur ! En tout cela, Job ne pécha pas par ses lèvres. Si l’on rapproche le stoïcisme d’Eli de Job, on peut espérer que ce soit la réaction la plus positive possible. Ce serait cohérent avec le fait qu’Eli avait l’air de personnellement respecter Dieu en dehors de la faiblesse pour ses fils.
  • Quand Joab ou David utilisent ce genre d’expression en 2 Samuel 10.12 et 15.26, c’est une expression de foi en Dieu, qui est d’ailleurs suivie de salut. Il est donc probable que ce soit ici aussi une expression de foi de la part d’Eli.

19 Samuel grandissait, et le Seigneur était avec lui. Il ne laissait tomber à terre aucune de ses paroles.

  • On pourrait considérer que ce verset clot la sorte de dialectique entre Samuel et Eli qui dure depuis 1 Samuel 2.11 : le mauvais comportement d’Eli et ses fils a été régulièrement mis en opposition avec la croissance de Samuel dans la grâce, et voici la conclusion de cette confrontation: Eli est jugé définitivement, Samuel est proclamé et reconnu prophète. Même s’il y a une part d’anticipation, le jugement est comme terminé ici.
  • il ne laissait tomber à terre aucune de ses paroles la formule désigne souvent l’accomplissement précis des prophéties de Moïse. C’est le sens qu’on trouve en Josué 21.45 (sur le partage des terres de Canaan) ; 1 Roi 8.56. Cette formule est appliquée à la parole d’Elie en 2 Rois 10.10. Cela confirme l’association de Samuel à Moïse: c’est le plus grand prophète qu’ait vu Israël depuis Moïse.

20 Ainsi tout Israël, depuis Dan jusqu’à Bersabée, sut que Samuel était accrédité comme prophète du Seigneur.

  • depuis Dan jusqu’à Bersabée de l’extrême nord jusqu’à l’extrême sud. Absolument tout Israël.
  • accrédité ou établi : le verbe opposé à la destitution de la maison d’Eli.
  • Pourquoi le renversement de la maison d’Eli est-il suivi par l’établissement d’un prophète, et non d’un autre prêtre? Parce qu’en réalité ce n’est pas tout de suite un changement intérieur à la prêtrise d’Israël qui va avoir lieu (même si la transition vers Tsadoq aura bien lieu). C’est d’abord la fin du régime des Juges dont Eli est l’avant-dernier qui et Samuel l’ultime juge d’Israël dont on parle depuis le chapitre 2.

21 Le Seigneur continua d’apparaître à Silo : le Seigneurse révélait à Samuel, à Silo, par la parole du Seigneur.

  • Mais il y a un petit délai à cette transition décrite au verset 20: pour le moment l’ancienne prêtrise corrompue d’Eli continue de cohabiter à Silo avec la nouvelle prophétie de Samuel, tout comme les apôtres commenceront à précher l’Evangile à l’ombre du Temple ancien et promis à la destruction. Cette cohabitation est rendue plus explicite par la LXX qui rajoute Eli était très vieux, et ses fils persévéraient dans leur mauvaise voie devant le Seigneur.
  • Au début du chapitre 1, Anne la stérile confronte Eli. A la fin du chapitre 3, la descendance de la femme a supplanté la tête de la prêtrise corrompue.

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